Un jour quand je péterai les plombs je me tuerai pour de bon.

hypocrite - fausse - rusée - grossière - bruyante - familière - instable - asociale - indiscrète - agitée.

savante - méthodique - réaliste - volontaire - bavarde - enthousiaste - serviable - vive - libre - intrépide.

“Ban”She ou Odette, sourit à la vie ris face aux intempéries et radote sur ses envies. Même si personne ne l’écoute, elle parle encore et encore, y’a-t-il un seul sujet qui lui résiste encore ? Elle lit, joue et s’ennuie vite, recommence en ajustant les paramètres, mais les changements ne sont présents qu’en surface. Ses doigts tapotent, curieux de tout connaître, parce que les yeux ne suffisent pas, il y a également la langue et l’odorat. L’une se plaît à parcourir les surfaces faites de chair, l’autre tente de dénouer le vrai du faux.

“Odette tiens toi droite ou tu finiras à quatre pattes comme un animal.”
“Mais que vaut ce ciel artificiel, moi je préfère plonger mon regard au cœur du fiel.”

Sa voix de crécelle explose souvent les tympans des passants, parce qu'il lui arrive d’hurler afin de se sentir vivante. Hurler à en perdre un de ses poumons, hurler et cracher sa propre vérité aux autres. Quoique, qui veut entendre la vérité ? Toujours une parole sympathique, un compliment véridique, ce petit détail que vous vouliez exposer. Son cerveau enregistre tout et le réutilise au bon moment, à bon escient, toujours partiellement. À travers les rues de Megacity la jeune femme sautille, grimpe, trépigne d’impatience et ne rate pas une occasion d’assouvir ses pulsions.

“Odette cesse de t'insérer là où ne veut pas de toi.”
“Mais pourquoi ?”
“Parce que ça ne se fait pas.”
“Qui a dit ça, moi je refuse cette loi.”

Les secrets servent à un jour être percés, un mystère ne dure jamais une éternité, tout ce qui naît disparaît. Sauf la bêtise qui marque au fer ses victimes sous les prunelles perçantes d’Odette. Un jour, quelqu’un lui demanda la raison de sa dentition particulière. Quelle meilleure raison que l’envie ? Les dents d’un prédateur sont sa meilleure arme, mais que va-t-elle chasser ? Madame traque l’adrénaline, sa copine, la tension, son compagnon, les charlatans, leurs enfants. Sans oublier l’imprévu et les bavures qu’il tranche au flanc du quotidien ce piètre mendiant.

“Odette personne ne reste près de toi.”
“Je sais et je le regrette, j’aime tout le monde sans distinction.”
“Comprends-tu l’amour ?”
“Quand Amour se trouve à voleter près de moi, mon cœur tente de sortir de ma poitrine.”
“Cela t’arrive-t-il souvent ?”
“Tout le temps, surtout quand je m’essoufle.”

Une chevelure indisciplinée, teinte par l’absurdité, un iris coloré à l’image de sa simplicité, un costard récupéré. Quoi de mieux pour sortir de l’ordinaire que de parfaire et polir son plus beau sourire. On ne refuse rien à quelqu’un qui met les formes. Quelques gouttes de parfums, une mallette à cadenas et personne ne vous dérange plus. Six heures de sommeil plus tard peu importe l’heure du coucher et du lever, s’endormir en un claquement de doigt et rêver de mourir. Mourir pour qui, par quoi, d’envie, de mépris, la lassitude ne gagnera jamais sa course contre la solitude.

“Odette tu crois en quoi ?”
“En toi !”
“Tu le dis à n’importe qui.”
“C’est ce que vous voulez entendre.”

Il lui manque un truc, quelque chose cloche, la lumière ne parvient pas à éclairer tous les étages. Vous en savez quelque chose vous ? De son comportement, rien de cohérent ne sort, comme un disque rayé, un vase brisé, rembobinons la cassette peut-être que cette fois ça va mieux fonctionner. À votre place, je mettrais mes croyances au placard, quid des lois naturelles ? Les anomalies font partie intégrante de la vie, la nature s’occupera de les éliminer s’ils survivent un peu trop longtemps. Patience, assurance et espérance s’accompagnent main dans la main sur le chemin.

“Odette, j’aimerais te connaître.”
“Ne sois pas bête, que ne sais-tu déjà pas de moi ?”
“Tu ressembles à une mauvaise blague.”
“Et bien tu vois, tu me connais !”

Ce nourrisson ne sourit pas, il affiche en tout temps une expression neutre, rien ne le fait décrocher de sa léthargie. Pourtant, les tests n’affichent pas de résultats inquiétants, au contraire sa santé se situe admirablement bien sur la courbe des valeurs standards. On le pensait sourd au début, puis muet, mais rien de tout ça, rien ne le fait réagir, est-ce normal ? Il commence à marcher, normalement, encore une fois, néanmoins, il ne s’éloigne pas de ses parents. Pire, on peut le poser à un endroit et le retrouver à la même place trois heures plus tard.

Cette enfant ne se mélange pas, au contraire, il semble fuir ses semblables et tape toujours très fort ceux qui viennent l’embêter. Tous les insectes qui passent, finissent décortiqués longuement, patiemment. Elle deviendra une grande scientifique. La maternelle ne l’intéresse pas, découper du papier, colorier, gagner des gommettes, un jour à sa maîtresse elle demanda le pourquoi de ces activités. La réponse ne lui plut pas et une grève commença, grève très vite avortée avec convocation des parents en prime. Depuis, elle recommence, comme avant un robot au milieu du troupeau.

Ça ne peut plus continuer, son père et sa mère lassés des spécialistes la prennent en charge, il faut tout lui apprendre depuis le début. Là voilà, étire ta bouche, non pas comme ça, un peu plus, un peu moins, parfait. Le plus souvent réponds oui, par moment, réponds non, ne suit pas un adulte que l’on ne t’a pas présenté. Ne perturbe pas la classe, ne dors pas pendant la classe, ne pose pas de questions, nous, on t’expliquera après, à la maison. Applique à la lettre les consignes et dis que tu veux devenir scientifique, puisque ton bulletin scolaire reste le meilleur, tu rendras tout le monde content.

Si on te demande comment tu obtiens de si bons résultats, rassure-les et déclare sacrifier ton sommeil. Tente au moins de te faire un ou une amie, sinon on en viendra à te jalouser. Nous t’autorisons à aller aux soirées de tes camarades, jamais trop longtemps, cependant assez. N’oublie pas les sujets de conversations étudiés, tous les jeunes se ressemblent, tu ne peux pas te tromper. Aide-les, parfois, donne tes devoirs, beaucoup trichent, tant pis pour eux. Maman est malade, les médecins ne sont pas sûrs qu’elle s’en sortira, tu seras toujours là pour moi, hein ?

Pourquoi sors-tu avec cette fille !? Tu ne devais pas te mettre en couple, le lycée ne sert pas à se trouver quelqu’un ! Qu’en penserait ta mère, quoi, nous ? Oui, nous avions ton âge, mais nous avons vécu à une époque différente. Alors ? Ah, elle a pleuré, beaucoup ? Tant pis. Toi, tu l’aimais bien ? Ne raconte pas n’importe quoi, depuis quand ressens-tu des émotions ? Je n’en peux plus de mon travail, que je le quitte ? Et comment je vais payer tes études au juste ? Nous n’avons pas la chance d’y penser. Moi aussi, je fatigue, je passerais voir si tout va bien.

Ne me regarde pas comme ça, de toute manière, tu n’auras qu’à rejoindre ton frère chez ta grand-mère si vraiment, il m’arrive quoi que ce soit. Depuis le temps, le bougre ne doit pas se souvenir du jour où tu as voulu le faire taire en l’étranglant. Oui, il criait fort, je sais. Bon, finalement, tu peux abandonner tes études, tu voulais quoi en fait ? Rien, je m’en doutais, à force, je te connais. Que me dis-tu ? Tu comptes trouver un travail et rester ici ? Peut-être que ce n’est pas plus mal, je vais tenter de téléphoner à quelques connaissances. Si je pars à mon tour, tu pleureras ?

“Ça va aller… Souviens-toi, souviens-toi, tu ne peux pas être triste.”
“Odette tu pleures ?”

Mademoiselle, que faisons-nous de vos effets personnels ? Vous ne gardez rien, vraiment, on peut se servir ? Vous venez de refaire notre journée, un grand merci à vous ! D’ailleurs, votre copain vous attend dehors, je vous trouve mignon comme couple. Franchement, tu me refroidis, qui voudra de toi si tu ne te reprends pas ? Laisse tomber, personne ne croit à ton sourire. Si jamais, je resterai dans les parages pour toi, je sais que le reste de ta famille ne bougera pas le petit doigt. Non arrête de m’appeler, ma copine me tuerait si je passais pour dormir avec toi, tu es bizarre, oublie-moi.

“Je vrille, je disjoncte, aidez-moi qui que vous êtes.”

Continue, tes vidéos sont drôles, oh, pardon, tes reportages ! Avec toi, on se sent bien, un peu compris. Le monde extérieur fait peur pour des gens comme nous, nous te soutenons. Les autres, ils ne comprennent rien et pensent avec leurs idées, les nôtres ne sont pas moins biens, justes… Différentes ?  Va plus loin, toujours plus loin ! Confronte-les à toutes ces règles qui établissent sans penser à nous. Mets-les mal à l’aise. Non, fais attention, si tu venais à disparaître qui te remplacerait ? Toi, tu peux sortir dehors, pas nous et ceux qui y arrivent regardent juste devant eux.

“Non, juste non, je vais faire ce qui me plaît, quand ça me plaît, je le fais parce que j’aime le faire et non parce qu’on l’exige de moi. J’aime cette liberté. Je ne sais pas me mettre à votre place.”


De nul part : ban she. Elle ignore, pourtant, il revient : ban she, inlassablement, ban sheban sheban sheban sheban sheban sheban sheban sheban sheban sheban sheban sheban sheban sheban sheban sheban sheban sheban sheban sheban sheban sheban sheban sheban sheban.

“Allez-y, faites-le banissez moi ! Je le veux, je le veux, je le veux !”

Juste une drôle de personne, à un drôle de moment, là pour faire rire sûrement. Odette ne parle pas en l’air, elle, est terre-à-terre, la stratosphère, ne lui va guère. Odette est fluette, d’un souffle disparaît, Odette est une ombre, à présent, BanShe a pris son corps. Elle est entrée par la bouche et siège entre ses côtes. Odette, Odette, vient là, car quand je serais bannie tu pourras dire adieu à la vie. BanShe, crie “je suis en vie !”. Allez d'où lui vient son énergie, il parait que les diables ont une flopée d'amis et au milieu du cercle ils sont les seuls à rire.